Toi, le pilier

J’écris les yeux remplis de larmes. Je viens d’apprendre ta mort. Toi la forte, toi le pilier, la terre mère, la terre fertile. Séverine, mon amie, l’hôtesse de nos cercles de femmes. 

Ces dernières années, tu as travaillé de nuit pour t’occuper de tes enfants le jour. Tu t’es toujours battue pour que leurs troubles de l’attention soient pris en compte et respectés à l’école. Vous avez acheté une maison et fait des travaux pour avoir votre nid douillet au coeur du village: une belle vie de proximité et en lien. Tu as porté un quatrième bébé et vous l’avez perdu. Avec ton mari, vous vous êtes tatoués Marcus sur le coeur, la promesse de ne jamais oublier cette douleur. Vous avez traversé ensemble, vous vous êtes aimés. Tu es redevenue enceinte et Léandre-plein-de-vie est né. Votre maison a brûlé, vous avez eu mal. Vous vous êtes entassés à six dans un petit logement pendant plus d’un an. La solidarité du réseau a été au rendez-vous, vous vous êtes reconstruits et aimés encore. Vers la fin des travaux, tu es tombée du premier étage et tu t’es cassé des côtes, beaucoup de douleur physique et aussi le sentiment de cumuler… Ça faisait beaucoup à porter, à tenir. Tu as guéri et tu as continué à prendre soin des tiens et des voisins. Tu as repris ton boulot d’aide-soignante (c’est tellement toi ces deux mots). Tu apportais du parfum en cadeau pour le papi qui ne pouvait pas sortir, tu cuisinais des douceurs pour tes collègues et pour les résidents. Tu as réalisé un rêve en achetant ta jument, tu te ressourçais en t’occupant d’elle. Tu rêvais de soigner les humains avec les animaux. Puis hier, en voiture à 17h30 tu t’es endormie, tu as percuté un pylône et tu es morte. 

Ta vie parle de générosité et d’amour. Devant l’épreuve mettre de l’amour. 

Le trou est si grand quand le pilier disparait. Quel vide pour tes enfants, ton mari, pour nous qui t’avons aimé. Ta mort me parle de nos limites, de nos fatigues accumulées.

Comme tu nous l’as enseigné: devant l’épreuve mettre de l’amour. 

Du soin pour les autres oui, et pour nous-même aussi.

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